Né en Haiti le 24 Mai 1967, Thierry Barthole dédit sa vie à l’art. Après avoir été diplômé, en 1994, de l’ Ecole Nationale des Arts en Haiti ( ENARTS ), il rejoint les ateliers de Richard Barbot dans le but d’améliorer ses compétences. Alors qu’il travaillait à l’atelier, il fut impliqué dans le design de la nouvelle monnaie Haïtienne élaboré dans le cadre de la commémoration du bicentenaire de l’indépendance.Talentueux, passionné et méticuleux, il est en constante conversation avec la perfection. Son utilisation du monochrome dépasse l’entendement. Sa créativité s’étend à l’infini. Ecoutez ce qu’il a dire:
OL: Maintenant installé aux USA comment avez vous vécu cette transition et comment percevez vous le monde l'art de ce côté de l'atlantique?
Thierry Barthole: Généralement une période de transition exige un temps d’adaptation. S’installer dans un nouveau pays représente souvent un challenge. De nouvelles sensations, les us et coutumes locaux, le choc des cultures peuvent être accablants. Une bonne intégration requiert, une ouverture d’esprit, de la patience, de la résilience, du courage, de la détermination, un désir de développement personnel etc… En développant ces aspects, je suis parvenu à me frayer un passage me permettant de gérer mes activités journalières et de maximiser les opportunités dans le milieu artistique. A cet égard j'ai participé à maintes reprises à des vernissages se déroulant à Atlanta, à Orlando pour ne citer que ces deux états, sans oublier certaines de mes oeuvres qui ont été récemment publiées dans le magazine espagnole Artelibre. Dans ce vaste pays qu'est les Etats-Unis, on peut être perçu dans le monde de l'art comme une aiguille dans une meule de foin, mais la persévérance peut défier les éléments impondérables. J'ai toujours été fasciné par le changement et la nouveauté sans pour autant négliger mon vécu. C'est ainsi que je continu à tenir une relation étroite avec mon pays natal, en participant et créant quelques évènements artistiques tout en soignant en même temps ma clientèle dont la distance ou le changement de territoire ne fait montre d'aucune différence. Je vis entre mon pays, le monde d'outre-mer, le monde artistique et mon monde intérieur où rêve et réalité s’entremêlent, une parfaite vie d'artiste.
OL: Vous êtes aujourd'hui un artiste plasticien de renom, reconnu par vos paires. Pourriez vous nous faire découvrir le parcours qui vous a mené à devenir l'artiste que vous êtes aujourd'hui?
TB: A la fin de mes études primaires, j'ai commencé à sentir cette stimulation intérieure qui finalement s'est transformée en un véritable désir m’entraînant incessamment vers le monde artistique. Après mes études secondaires j'ai laissé ma ville natale pour me consacrer entièrement à l’art. En 1994 je suis diplômé des arts plastiques à L'Ecole Nationale Des Arts (ENARTS). Cette même année je rejoint Richard Barbot dans son atelier de travail, un mentor également un ami que je profite de remercier. Il m'a appris à développer cet incroyable talent enfoui au fin fond de mon être, ce qui fait de moi cette image que je représente actuellement dans le royaume des artistes.
OL: Lorsque l'on pense monochrome tout de suite vient à l'idée Thierry Barthole. Votre travail, figuratif est empreint d'un certain lyrisme. On ressent bien cette volonté de perfection. Pourquoi le monochrome? Que cherchez vous à travers l'utilisation du noir et blanc?
TB: Le monochrome est un choix qui vient de cette partie imperceptible de mon for intérieur, il fusionne naturellement avec celui-ci et s'en réjouit constamment à mon insu. Ce que je cherche à exprimer à travers le noir et blanc est peut être plus fort que moi. Je peux voyager dans le temps, naviguer sur la face la plus sereine de mon univers, contempler l'harmonie, la perfection des imperfections d'une figure fractale, appliquer la rectitude et honorer la franchise qui découle de la majesté de ce dernier. En revanche j'aurai toujours une longueur à parcourir pour representer ce que je ne sais même pas encore exprimer, ce qui étend ma créativité vers l’infini.
OL : Vous avez été à l'origine de l'effigie qui apparaissait sur la gourde (monnaie Haïtienne ) dans le cadre de la commémoration du 200 ème anniversaire de l'indépendance d'Haïti. Pourriez vous nous expliquer comment cela s'est il produit?
TB: En travaillant à l'atelier Richard Barbot on a eu la visite de Guerdy Lissade, responsable d'un projet sur les billets de banque visant à rendre plus chic l'image des éffigies de nos héros. C'était dans le cadre de la commémoration du 200ème anniversaire de l'indépendance d'Haïti. Observant nos oeuvres artistiques il a décidé de nous confier la tâche, au total il y avait 6 billets et j’en ai réalisé 5. Richard Barbot a dessiné le billet de 10 gourdes à l'éffigie de Sanite Bélair ( née Suzanne Bélair, était révolutionnaire et soldat pour la liberté dans la troupe armée de Toussaint Louverture ). Reginald Nazaire un autre artiste haïtien a travaillé sur le billet de 50 gourdes représentant la bataille de Vertières. Pour ma part j'ai réalisé l'éffigie de François Capois dit Capois la mort ( officier Haïtien ) sur ce même billet de 50 gourdes, celle de Guillaume Fabre Nicolas Geffrard ( Président Haïtien de 1859 à 1867 ) sur le billet de 25 gourdes, Pétion Alexandre ( Président Haïtien de 1806 à 1818 ) sur le billet de 500 gourdes, Jean Jacques Dessalines ( leader de la révolution Haïtienne et premier dirigeant suite à l’indépendance Haïtienne ) sur le billet de 250 gourdes et finalement Henri Christophe ( roi d’Haïti de 1811 à 1820 ) sur le billet de 100 gourdes.
OL: Pensez aujourd'hui que l'art haïtien à atteint une reconnaissance internationale?
TB: Haïti a toujours été connue pour son art et son artisanat. Après le séisme de 2010 il y a eu une remarquable activité culturelle organisée à Manhattan célébrant l'art haïtien d’Octobre à Novembre 2010. Il y a eu une autre exposition organisée en France par la Réunion des musées - Grand Palais de novembre 2014 à février 2015 encore une fois pour honorer l'art haïtien. Pour ne citer que celles-là, ces activités artistiques se produisent un peu partout, ce qui exprime l'accréditation de notre art au niveau international. Pour terminer j'aimerais évoquer le nom de ce grand artiste peintre américain mais aussi haïtien du côté paternel, du nom de Jean-Michel Basquiat, malheureusement décédé mais dont l'une de ses oeuvres vient récemment de se vendre pour la valeur de 110.5 millions de dollars. Cela explique encore une fois la potentialité et la valeur de nos oeuvres artistiques.
A voyage in artist Thierry Barthole's Universe
Born in Haiti on May 24th 1967, Thierry Barthole dedicates his life to art. After Graduation in 1994 from the National School of Art in Haiti ( ENARTS ) he joined Richard Barbot’s workshop in order to improve his skills. While working there, he was commissioned to design the Haitian currency in the context of the bicentennial commemoration of Haiti’s independence. Very talented, passionate and meticulous, he is in constant conversation with perfection. His use of monochrome goes beyond comprehension. Thierry’s creativity extend toward infinity. Listen to what he has to say:
OL - You are settled in the US for sometimes now. How was the transition period for you and how do you perceive the art world from that side of the atlantic?
TB – Generally a transition requires a laps of time for adaptation. Settling in a foreign country is most often challenging. New impressions, local customs, culture shock can be overwhelming. The keys for a good integration are open mindedness, patience, resilience, strength, determination a desire for personal development etc..By embracing all those aspects I have been able to fight my way through, which allowed me to manage my daily activities and also to maximise opportunities in this vast artistic realm. In this respect I have been able to take part in many occasions in exhibitions held in different cities around the country – i.e. Orlando, Atlanta etc…just to name a couple. I have also been published in a Spanish magazine named Artelibre. In a vast country such as the USA an artist can easily feel isolated from the art world and have the sensation of being a needle in a haystack. However, persistence has the propensity of defying imponderables. I have always been fascinated by changes and novelties while holding onto my roots which is so important for one 's stability. For that reason I managed to keep close contacts with my homeland. I keep participating in artistic events while also keeping in close contact with my collectors for whom the actual distance doesn't cause any difference. I live a wonderful artistic life where reality and dream become intermingled.
OL – Today you are a well-known artist, well recognised by your peers. Could you take us through the journey that enabled you to become the artist you are today?
TB – It all started at the end of elementary school when I felt an inner stimulation which ultimately has transformed into a genuine and strong desire that instantly dragged me to be part of the artistic world. After High school I left my hometown and devoted my entire time to art. In 1994 I graduated from The National School of Art in Haiti ( ENARTS) . The same year I joined Richard Barbot at his workshop, a mentor but also a friend. I would like to thank him today for his precious support. He taught me and also helped me in developing this incredible talent deeply buried in my being. This allowed me to become the artist I am today.
OL – Thinking of monochrome, I immediately think of you Thierry Barthole. Your work is figurative stamped with some sort of lyricism. The desire for perfection is deeply felt. Why the use of monochrome? What is your aim in using black and white?
TB – Monochrome is a choice which merges with this imperceptible part of my inner self to consistently bring a sensation of joy. What I try to express by using black and white transports me over my realities. I am able to time travel, navigate on the most serene side of my universe, contemplate harmony, the perfect imperfection of a fractal figure, apply rectitude and honour to the candidness which stems from the latter's grandeur. On the other hand I will always have to travel extra miles in order to develop what I don't even know how to express yet . This is to say that my creativity extends itself toward infinity.
OL – You were at the origin of the effigy appearing on the Haitian currency known as “Gourde” in the framework of Haiti's Bicentennial commemoration of the independence. Could you tell us how you were selected?
TB – While working at Richard Barbot's workshop, Guerdy Lissade, head of the project on paper bills, came to visit us with the idea of embellishment of our heroes’ images. This was in the context of the Bicentennial commemoration of Haiti’s independence. After consideration we were commissioned. There were six paper bills to be designed. I realised five of them while Richard Barbot was in charge of the 10 Gourdes bill with Sanite Bélair as effigy (born Suzanne Bélair, she was a Haitian freedom fighter and revolutionary soldier in Toussaint Louverture's army). Reginald Nazaire another Haitian artist also took part in the project. He designed the 50 Gourdes bill representing The Vertière battle. I myself designed Francois Capois’ picture on the 50 Gourdes bill ( he was an Haitian officer in the Haitian revolution), that of Guillaume Fabre Gefrard Nicolas ( Haitian President from 1859 to 1867 ) was realised on the 25 Gourdes bill, Petion Alexandre ( Haitian President from 1806 to 1818 ) on the 500 Gourdes bill, Jean-Jacques Dessalines ( leader of the Haitian Revolution and the first ruler of an independent Haiti ) on the 250 Gourdes bill and finally Henri Christophe ( King of Haiti from 1811 to 1820 ) on the 100 Gourdes bill.
OL – Do you think today that Haitian art has reached an international recognition?
TB – Haiti has always been known for its art and craft. After the earthquake of 2010 there were a remarkable cultural event organised in Manhattan celebrating Haitian art in November 2010. There were another exhibition this time in France at the “Grand Palais” from November to February 2015 once again in honour of Haitian art. These sort of events occur nearly everywhere, which demonstrate Haitian art's accreditation at an international level. To mention Jean-Michel Basquiat very well-known african american artist, half Haitian from his paternal side has left behind some works sold today at a very high value. This explain once again the potentiality and value of our art.
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